Appel à communication

Classer les indépendant·es ?

Revisite empirique et méthodologique d’une question classique

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28 - 29 septembre 2023

Maison des Sciences de l’Homme, Dijon

 

Dans le sillage des débats autour de la « moyennisation » de la société (Mendras 1988) et du « retour des classes sociales » (Chauvel 2001; Bouffartigue 2004), les travaux sur la stratification ont connu un important regain d'intérêt à partir de la fin des années 1990, notamment par le biais de perspectives ethnographiques. Principalement centrées autour des catégories populaires salariées (Schwartz 1998; Siblot et al. 2015; Bernard, Masclet et Schwartz 2019), ces enquêtes ont amené avec elles une appréhension plus fine des positions sociales, à travers des approches relationnelles, réinscrites dans des configurations sociales localisées (Renahy 2005; Tissot 2011; Laferté 2014; Collet 2015; Bruneau et al. 2018) et centrées sur la famille et le logement plutôt que des individus pris isolément (Cartier et al. 2008; Lambert 2015; Girard 2017; Bozouls 2019). Les travaux quantitatifs ont accompagné ce mouvement à travers l'essor de méthodes configurationnelles fondées sur des analyses multidimensionnelles à l'échelle des ménages et leur classification (Cayouette-Remblière et Ichou 2019).

Le raffinement des méthodes et les différenciations toujours plus fines opérées au sein du monde salarial contrastent toutefois avec les difficultés qui entourent toujours la stratification sociale des indépendant·es. Historiquement, ce groupe social a été généralement rattaché à la petite bourgeoisie (Mills 1969; Baudelot, Establet et Malemort 1974, chap. 4; Bechhofer et Elliott 1981; Goffee et Scase 1982). Ce choix majoritaire – qui fait écho au travail d'unification symbolique des mouvements de classes moyennes au cours de la première moitié du xxe siècle (Boltanski 1982; Ruhlmann 2001) – était justifié par la détention d’un petit patrimoine et par leur autonomie dans le travail (Bechhofer et Elliott 1968)[1]. Le regard porté sur la position sociale des indépendant·es a cependant évolué ces dernières années, en lien notamment avec les transformations de ce groupe social. Dans un contexte de reprise du nombre de non-salarié·es depuis les années 2000 (Arum et Müller 2004a), les formes hybrides d’emploi et les régimes de micro-entreprise se sont multipliés, en attirant l’attention des sociologues sur la précarité d’une partie des travailleur·ses indépendant·es (Abdelnour 2017; Jourdain 2018). À l'autre extrémité de l'espace social, les activités entrepreneuriales les plus qualifiées ont également connu une forte croissance, qu'il s'agisse des professions libérales (Beffy 2006) ou des start-ups (Grossetti, Barthe et Chauvac 2018; Flécher 2021). Plusieurs enquêtes ethnographiques récentes ont souligné la diversité des positions sociales occupées par les indépendant·es, tant du côté des catégories populaires pour les bûcherons disposant d’un statut d’indépendant contraint (Gros 2015), que des classes supérieures pour les agriculteurs embourgeoisés du Châtillonais (Laferté 2018).

En dehors des extrémités de la structure sociale, la stratification des indépendant·es demeure en pratique une opération hautement incertaine. La nomenclature des PCS ne propose que des délimitations extrêmement frustes par le nombre de salarié·es ou la superficie des exploitations agricoles. L’ampleur de leur patrimoine et de leurs revenus est ensuite difficile à déterminer et peut se prêter à de multiples dissimulations (Bessière et Gollac 2014a). L’entrée par leurs pratiques culturelles peut enfin s’avérer peu discriminante en raison de leur affiliation majoritairement populaire. Des travaux récents ont proposé de contourner l’obstacle en envisageant un ensemble « en bas à droite » de l’espace social national (Beaumont, Challier et Lejeune 2018), quand d’autres continuent à les rattacher en bloc aux classes moyennes. Malgré les avancées de la littérature sur la stratification sociale, les indépendant·es semblent parfois toujours aussi « inclassables » que la paysannerie des années 1970 (Grignon 1975).

 Cette journée d'études propose une double réflexion, à la fois analytique et méthodologique, sur la stratification des indépendant·es. L'enjeu consiste d'abord à restituer le plus finement possible leurs positions sociales à l'échelle locale ou nationale, leurs segmentations internes et leurs modes de vie, tout en tenant compte de leur propension à brouiller ou manipuler les distances sociales. Il s'agit dans le même temps de réfléchir aux méthodes les plus appropriées, tant du côté de l'ethnographie que des statistiques, pour stratifier les mondes indépendants. À travers une analyse renouvelée des positions sociales des non salarié·es, cette journée d'études souhaite contribuer en retour à une meilleure compréhension de la structuration de la société dans son ensemble. À défaut de poser une définition préalable de l'indépendance, on se contentera de rappeler qu'elle constitue d'abord un enjeu de luttes symboliques, politiques et juridiques et qu'il peut exister des décalages – heuristiques – entre les perceptions ordinaires des statuts professionnels et leur appréhension par le droit. Les propositions de communication pourront s'inscrire, de manière non limitative, dans les différents axes suivants :

 

 Axe 1 – Segmentations et hiérarchisations internes

 

 Quels sont les principes pertinents de segmentation des indépendant·es et de rapprochements avec les autres groupes sociaux ? Au-delà des revenus omniprésents dans l’analyse des catégories salariées, une première entrée heuristique et souvent spécifique consiste à s'intéresser à leur patrimoine dans ses multiples composantes (professionnel, immobilier, financier, etc.), les ménages indépendants ayant en moyenne un patrimoine brut beaucoup plus important que l'ensemble de la population (Bessière et al. 2011). Une première difficulté émerge toutefois pour appréhender et évaluer les patrimoines dits « professionnels » – historiquement exclus de l'assiette de l'impôt de solidarité sur la fortune (Herlin-Giret 2016, chap. 1) –, notamment dans leur dimensions immatérielles. Comment mesurer la valeur d'un fonds de commerce ou d'une activité libérale fondée sur des « clientèles » fluctuantes et à l'actualisation incertaine ? Qu'en est-il enfin de la position sociale des indépendant·es « sans » patrimoine (Bernard 2017) ? De nombreux travaux ont également souligné l'importance des stratégies d'accumulation immobilières chez les indépendant·es afin de compenser la faiblesse de leurs pensions de retraite (Guichard et Poussou-Plesse 2017; Laferté 2018, chap. 4). Quelles fractions de ces groupes ont-elles les moyens (et les compétences techniques) pour réaliser ces opérations ? L'investissement dans la pierre est-il toujours compatible et positivement corrélé avec les études supérieures des enfants (Gollac 2011 chap. 4) ?

Une entrée par les revenus pose tout autant de difficultés. Elle se heurte cette fois aux différents « marquages » (Zelizer 2005) de l'argent entre les sphères « professionnelle » et « personnelle », aux jeux dont elles peuvent faire l'objet et aux pratiques de dissimulations à l'égard du fisc (Spire 2018, chap. 7). Comment saisir les ressources, officielles et officieuses, des indépendant·es et les inégalités qui les divisent ? Le black relève-t-il plutôt d'une stratégie de survie ou d'une pratique réservée aux mieux doté·es ? Comment ces revenus – souvent irréguliers – sont-ils gérés ? Le versement mensuel d’une somme d’argent fixe est-il devenu la norme chez l’ensemble des non salarié·es ? Il est enfin possible de s'intéresser à la taille des entreprises – l'un des critères utilisés par l'INSEE – et au statut d'employeur, formel ou informel. Qu'est-ce que le recrutement de salarié·es fait aux positions sociales ? Comment se manifestent les relations avec la main-d’œuvre, en particulier dans les petites entreprises où les formes de domination personnalisée mêlent étroitement des jeux de proximité et de mise à distance (Zarca 1986, chap. 4; Gros 2016; Samak 2016) ?

Il s'agira également de se pencher sur les dimensions culturelles de la stratification des indépendant·es. Le peu de légitimité de leurs pratiques culturelles a souvent été relevé dans la littérature (Bourdieu 1979, chap. 6; Bozon 1979). Quelles différenciations sociales engendrent des petites et grandes dotations en capital culturel ? La journée d'études souhaiterait aussi s'intéresser aux fractions intellectuelles des mondes indépendants, mises en évidence par plusieurs enquêtes sur l'agriculture (Bruneau 2006; Samak 2014), l'artisanat d'art (Jourdain 2014a; Bajard 2014) et le commerce de biens symboliques (Talbot 2016; Leblanc 2017). Ces travaux invitent plus largement à prendre en compte l’origine, les trajectoires sociales et les bifurcations professionnelles des individus pour comprendre la segmentation interne des professions indépendantes. Comment positionner socialement ces populations souvent issues des catégories supérieures ? Quelles tensions et ambivalences résultent de leur inscription dans les milieux culturels et de la gestion au quotidien d'une entreprise ? Jusqu’où la vision politique ou alternative du monde joue-t-elle sur leur perception voire leur renversement de l’espace social permis par le statut d’indépendant ? Quelles sont leurs relations avec les autres groupes patronaux ? Comment les positionner par rapport aux trajectoires de reconversion inscrites au sein du pôle économique des classes supérieures (Mazaud 2012; Landour 2019) ?

Alors que les indépendant·es sont souvent appréhendé·es de manière isolée, y compris dans le cadre d'enquêtes ethnographiques, cette journée se propose de les réinscrire dans leurs sociabilités ordinaires, qu'il s'agisse de relations avec des « collègues » de travail (Lejeune 2020 chap. 5), de leur implication dans des collectifs patronaux (Frau 2012; Ciccotelli 2015; Louey 2021) ou de leur investissement dans des sociabilités à l'échelle locale (Schnapper 2022). L'observation de ces scènes sociales permet d'accéder à des jugements interpersonnels et des positionnements relatifs. Quelles hiérarchisations symboliques, affinités et mises à distance donnent-elles à voir ? Quelles segmentations dessinent les rapports différenciés à l’entrepreneuriat ? De manière plus générale, dans quels milieux sociaux se tissent les relations amicales des indépendant·es ?

Sans méconnaître la présence des aides familiales ou la féminisation ancienne de certains secteurs comme le commerce, le statut de chef d’entreprise – majoritairement masculin – est de plus en plus occupé par des femmes (Abdelnour, Bernard et Gros 2017). Avec un écart de 37.9% en 2009 (Favre 2009), les inégalités genrées de revenus chez les indépendant·es demeurent néanmoins beaucoup plus importantes que chez les salarié·es à temps plein. De manière plus générale, les femmes tendent à gérer des établissements plus petits que les hommes, à se concentrer dans les secteurs les moins rentables et les plus concurrentiels et à s’installer plus souvent pour « concilier » le travail et leurs contraintes familiales (Loscocco et al. 1991; Kallenberg et Leicht 1991; Loscocco et Bird 2012). Les fractions les plus féminisées des mondes indépendants sont-elles aussi les plus populaires ? Comment s’articulent plus généralement les rapports de genre, de classe et de race dans la stratification des non-salarié·es ?

 

Axe 2 – Exposition au marché, travail, styles de vie et rapport au politique

 

L'axe 2 propose de revenir sur les interrelations entre l'activité professionnelle des indépendant·es, leurs modes de vie et leur rapport au politique. Il s'agit à la fois de retrouver des principes de segmentation évoqués dans l'axe 1 et des régularités qui les transcendent. Ce qui rassemble les indépendant·es, c'est d'abord une exposition, plus ou moins marquée, au marché, avec l'impératif de « faire son chiffre » (Lejeune 2020, chap. 3) et de gérer l'incertitude de l'activité, dans le cadre d'une temporalité élastique. Malgré l'autonomie dans le travail souvent revendiquée, quels rapports de domination et sujétions professionnelles se donnent à voir vis-à-vis de la clientèle, des intermédiaires (Bessière 2011), des « donneurs d'ordre » (Gros 2015, chap. 8), des plateformes numériques et autres « employeurs » plus ou moins déguisés ? Quelles ressources individuelles ou collectives permettent-elles à l'inverse de préserver son autonomie professionnelle et de sécuriser ses revenus ?

Cet axe vise ainsi à interroger directement la spécificité et les mutations du travail des non-salarié·es confronté·es à la modification contemporaine des frontières de l'indépendance. D'un côté, une somme de professions nouvelles viennent gonfler le rang des « indépendant·es », à travers l'uberisation des structures et des statuts professionnels ou la multiplication des métiers d'auto-entrepreneurs qui hier auraient probablement été exercés par des salarié·es. De plus en plus d'indépendant·es semblent positionné·es sur des métiers et des tâches subalternes, les rapprochant des catégories d'ouvriers ou d'employés. Jusqu'où ces néo-indépendant·es changent-ils et elles la physionomie de la PCS et, au-delà, du ou des groupes sociaux d'indépendants ? Inversement, dans le conseil, l'audit ou la gestion patrimoniale de nouveaux métiers se développent. Mais au-delà de la spécificité de chaque branche professionnelle, de la diversité des compétences et des métiers concernés, un ensemble de tâches réunissent ces indépendant·es dans leurs différenciations aux salarié·es, puisqu'ils et elles se retrouvent en prise directe avec les administrations, consultent des comptables, des banquiers, se confrontant plus directement au management et à la gestion des dossiers et de la paperasse, autant pour la bonne marche de leur entreprise que pour les choix personnels autour de leur épargne, de leur retraite et de leur couverture santé. Comment s'acquièrent ces compétences administratives, financières, sociales et quelles différenciations internes dessinent-elles entre les indépendant·es (Spire 2018, chap. 5) ? Sur quels critères se font les arbitrages nécessaires à l'articulation de leur vie professionnelle et privée, voire quels effets cela peut-il produire sur leur conscience de classe et leur politisation ?  

Il s'agit ainsi de comprendre comme ces conditions de travail se reflètent dans les modes de vie des indépendant·es, qu'il s'agisse de leur rapport au temps (de travail, de loisirs, de vacances, etc.), de la gestion de l'argent, de leur habitat, ou encore de leur santé (Crasset 2017). Nous souhaiterions en particulier remettre sur le métier la description des dispositions ascétiques de la petite bourgeoisie en déclin (Bourdieu 1979). Quelles socialisations, rapport à l'avenir et au patrimoine favorisent les comportements d'épargne et d’ascèse ? Quelles sont à l'inverse les fractions patronales aux pratiques plus hédonistes et ostentatoires (Bernard 2017) ? Le mode de vie de certain·es indépendant·es peut également être influencé par son exposition aux regards et aux jugements de la clientèle, en particulier dans les territoires marqués par une forte interconnaissance (Schnapper 2021). Comment cette contrainte réputationnelle se manifeste-t-elle dans les manières d’afficher, ou non, leur enrichissement, leurs préférences politiques ou encore dans leurs choix résidentiels ?

Nous souhaiterions enfin revenir sur le rapport au politique des professions indépendantes et leur ancrage à droite (Mayer 1983; Beaumont, Challier et Lejeune 2018; Offerlé 2021). L'installation à son compte et l'inscription dans des collectifs patronaux constituent-elles des instances de politisation à droite ou de simples matrices de renforcement dispositionnel ? Quelle est la place contemporaine des organisations professionnelles ou syndicales dans la production d’une conscience d’appartenir, ou non, à un groupe social ? Quels sont les rapports au vote et à l'abstention de ces populations ? Quelle a été leur attitude à l'égard du mouvement des Gilets jaunes, initialement présenté comme une révolte antifiscale de petits patrons ? Comment se positionnent enfin politiquement les fractions intellectuelles des indépendant·es ?

 

Axe 3 – Conjugalité et rapports de genre

 

L'appréhension de la stratification se fait de plus en plus à l'échelle de la famille et du ménage plutôt qu'à partir des professions individuelles. L'indépendance constitue à cet égard une « affaire de couple » (Bertaux-Wiame 2004) qui implique, directement ou indirectement, les conjoint·es. Lorsque l'entreprise est dirigée par un homme – la réciproque est beaucoup moins vraie (Goffee et Scase 1985; Landour 2019) – les épouses prennent en charge la quasi-totalité des tâches domestiques et parentales ainsi qu'une partie de l'activité professionnelle (Bertaux-Wiame 1982; Goffee et Scase 1982; Bessière 2010). Les revenus salariés des conjoint·es jouent également un rôle central pour limiter les prélèvements et équilibrer les rentrées d'argent (Bessière 2004), voire autoriser une mise à distance complète de la contrainte de rentabilité (Jourdain 2014a). Avec qui les indépendant·es sont-ils ou elles en couple (Giraud et Rémy 2008) ? Dans quelles sociabilités, vers quels autres groupes sociaux, le couple s'engage-t-il ? Quelle est la contribution de l'entreprise dans la détermination de la position sociale du couple ? Est-ce la même pour les hommes et pour les femmes ? Si les indépendant·es se caractérisent, en moyenne, par un taux de conjugalité plus important que les salarié·es (Toulemon 1998), quelles sont à l'inverse les relations entre célibat et position sociale (Giraud 2013) ?

Stratifier des populations à l'échelle de la famille ne doit toutefois pas occulter les inégalités de genre qui la traversent. Celles-ci sont particulièrement importantes chez les indépendant·es, qu'il s'agisse de la capacité à accumuler du patrimoine en son nom propre (Bessière et Gollac 2020) ou de l'absence de reconnaissance du travail gratuit des femmes dans la sphère domestique et professionnelle (Barthez 1982; Bessière 2010; Samak 2017). Elles se cristallisent souvent au moment des séparations et des divorces qui pénalisent et fragilisent structurellement les épouses (Bessière et Gollac 2014b). Comment concilier l'appréhension conjugale des positions sociales avec les asymétries qui traversent les couples ? Comment le couple, selon les diverses activités, pense-t-il, ou non (Schepens 2004), la transmission de l'entreprise, vers quel·le membre de la fratrie – en cas de reprise familiale –, comment cette personne y est-elle préparée (Bessière 2003; Gollac 2005; Delabie 2021) ?

 

Axe 4 - Méthodes

 

Ce dernier axe, transversal, vise à interroger les apports et les limites des différentes méthodes d'enquête pour saisir la position sociale des indépendant·es. Nous souhaiterions en particulier encourager les ethnographies relationnelles et localisées qui permettent de reconstituer de manière inductive des espaces sociaux distincts de la structure nationale (Grendi 2009; Laferté 2014), de positionner finement les enquêté·es les un·es par rapport aux autres et de saisir les interactions entre les groupes sociaux à l'échelle locale. En effet, et particulièrement pour les indépendants agricoles ou autres, la répartition et les possibles de chaque sous-branche sont sensibles à la géographie, notamment au gradient urbain rural et aux histoires sociales spécifiques des territoires. Du côté statistique, il nous semble heuristique d’appliquer les méthodes configurationnelles aux mondes indépendants afin d’en brosser un panorama général à l’échelle des ménages. Les propositions d’articulation entre ces différentes méthodes sont également les bienvenues. En contrepoint, nous souhaiterions revenir sur la manière dont la statistique publique a historiquement appréhendé (ou non) la position sociale des indépendant·es à travers la nomenclature des PCS, qu’il s’agisse de la fixation des seuils (superficie, nombre de salarié·es) ou des débats entourant la production et le choix des catégories (Desrosières et Thévenot 1979). Des propositions relatives au projet de refonte de la nomenclature des PCS, visant notamment à une meilleure prise en compte des indépendant·es, seront enfin vivement appréciées.

 À travers ces quatre axes, l’objectif de cette journée d’études est de parvenir à dégager des principes permettant de replacer les indépendant·es au sein de l’espace national ou dans des structures sociales localisées, depuis leurs fractions les plus populaires (Jan 2018; Abdelnour et Bernard 2019), jusqu'à la bourgeoisie économique (Bourdieu et de Saint-Martin 1978; Pinçon et Pinçon-Charlot 1999; Delabie 2021). Cela implique notamment d'interroger, dans une perspective relationnelle et continuiste, les frontières des classes populaires, autour des principes de subordination et de séparation culturelle (Schwartz 1998), mais aussi celles, beaucoup moins explorées, qui séparent les classes moyennes des catégories supérieures. Puisqu'il n'est pas possible de se contenter d'une classification routinisée par la profession, l'entrée par les indépendant·es oblige à reprendre à bras le corps tous ces questionnements.

La journée d'études est enfin ouverte aux contributions socio-historiques. Il existe notamment un grand récit à interroger qui, associant les formes « traditionnelles » d'indépendance (agriculture, artisanat, commerce) à la petite bourgeoisie, considère l'inscription du non-salariat dans les catégories populaires comme un phénomène récent (Arum et Müller 2004b). Il semble ainsi occulter la longue histoire populaire de la petite paysannerie (Bourdieu 1962; Champagne 2002), du commerce en milieu rural (Schnapper 2021) ou des activités marchandes ambulantes (Zalc 2010).

 Les propositions de communication (environ 600-800 mots, hors bibliographie) sont à déposer d’ici le 2 mai 2023 sur la plateforme suivante : https://stratif-indep.sciencesconf.org/. Elles devront impérativement préciser les méthodes d’enquête et les matériaux empiriques mobilisés ainsi que les principaux résultats qui seront présentés. Pour toute question ou renseignement, vous pouvez nous contacter à l’adresse suivante : stratif-indep@sciencesconf.org

 

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[1] Toutefois, quelques auteurs passés rattachaient volontiers les fractions agricoles des indépendant·es aux classes populaires, notamment eu égard à leur capital culturel trop distant des formes légitimes (Bourdieu 1979). Des tensions apparaissent également au sein de la littérature sur la petite-bourgeoisie, à l’image des valeurs populaires partagées par une partie des petits commerçants d’Edimbourg (Bechhofer et al. 1974) ou des appartenances ouvrières revendiquées par certains artisans du bâtiments (Goffee et Scase 1981).

 

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